03 juin 2019
La première année est celle de tous les dangers. Les quatre émotions de base vont mouliner dans tous les sens : la joie, la colère, le chagrin, la peur.
Car il faut bien une année pour accepter la réalité de la fin de la vie professionnelle. Prenez le temps de la réflexion, quitte à déprimer un peu : après quarante années d’activité, cela n’a rien de surprenant. Et puis, savourez l’inactivité, n’ayez pas peur de paresser. Il faut un sas pour préparer de nouveaux temps d’action. Le bon projet est fait pour soi mais conciliable avec celui de l’entourage. Il doit être concret – vouloir vivre une retraite heureuse n’est pas un projet concret ! – et réaliste : tenir compte, notamment, de la forme physique, des moyens financiers. Cependant, si la peur du vide est trop forte, continuez dans la suractivité, sans être dupe : c’est une façon de cacher vos peurs… Les retraités hyperoccupés sont souvent dans le déni de la retraite. Ils ne se sont pas donné le temps de réfléchir à un projet. Alors, pour combler l’angoisse du vide, ils reproduisent le rythme de la vie active. Ils se lancent dans des grands travaux de rénovation, surinvestissent leur engagement associatif ou, pour les femmes, leur rôle de grand-mère, au risque de polluer les relations familiales.
Comment éviter ces écueils ? En prenant conscience, avant le départ, de ce que l’on va perdre : les relations professionnelles et sociales, le pouvoir, la stimulation intellectuelle, le pouvoir d’achat, etc. Les stages de préparation peuvent aider à faire le point. Surtout, poursuit la psychologue, pour disposer de temps libre, vous devrez vous organiser pour qu’il apparaisse dans votre emploi du temps : éliminer les occupations sans intérêt, refuser les nombreuses sollicitations familiales et sociales dont les retraités font l’objet. Bref, faire des choix vraiment personnels! Que ce soit en cultivant votre jardin secret, en vous engageant dans le bénévolat ou en rendant service à vos proches. Il faut s’affranchir de la culpabilité, bannir les « il faut que… », les « je dois » ..ll ne s’agit pas d’être égoïste mais juste conscient que c’est vous, après mûre réflexion, qui décidez de vous engager dans telle ou telle voie. Donc, osez dire non ! Osez dire oui aussi. Mais que votre oui soit un oui et votre non, un non !
Source : Sophie Muffang – Psychologue, psychothérapeute Auteur de « La retraite ? Pas si simple ! Comment passer le cap » éd. Ellipses – 2009